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05/03/2024
Conférence publique de Patrick Rubin à l’ESA : « Réparer, transformer »
Organisée par les étudiants de l’Ecole Spéciale d’Architecture, la conférence de Patrick Rubin était l’occasion d’échanger sur les trois sujets qui constitue le dispositif d’action-recherche de l’agence, CTZ, Construire Réversible, Transformation des situations construites, Zones en déshérence en devenir.

« Nos sociétés ont davantage bâti ces dernières décennies que les siècles auparavant.
Le stock de patrimoine existant est impressionnant, une part est obsolète mais les perspectives de transformation sont immenses.

Après avoir longtemps détruit les yeux fermés, il est aujourd’hui acté que nous démolirons moins. Heureuses conséquences, les défis relatifs à la transition écologique, aux envolées carbones, aux applications de la loi ZAN, nous conduisent à observer différemment le bâti ordinaire. Les générations montantes doutent de nos ressources Terre et revendiquent un retour à l’exemplarité de la ville ancienne.

Les solutions actuelles pour intervenir sur les bâtiments existants sont-elles satisfaisantes ?

L’absence d’intérêt pour le bâti ordinaire, comme la course aux performances pour la construction neuve, ont éloigné nos regards des réflexes élémentaires. La conservation d’une architecture réclame aujourd’hui une efficience technique égale à celle d’une construction neuve. On ne peut plus l’ignorer. Peu a encore été mis en place pour amender ou compenser le cortège de garanties, essais, labels et certificats nécessaires aux transformations des bâtiments. Aujourd’hui, l’échec est souvent annoncé avant l’étude. Pourtant le coût d’une réparation devrait être inférieur à celui d’une construction et les délais d’intervention divisés par deux.

Préférer la réparation à la destruction, s’éloigner des modèles conquérants, économiser la matière, redonner de la valeur aux soins… Pour l’architecte, mais aussi pour le maçon, le photographe ou l’urbexeur, intervenir sur une situation construite relève plus de l’étoffe du sujet que de l’exercice du projet. Exceptionnelle ou ordinaire, la situation à transformer est fondée dans son corps, elle est, déjà-là, la place est prise. Rien de commun à la tabula rasa, au champ libre. Le plus modeste des bâtis est né d’une intention, d’une nécessité. En arpentant sa surface, en observant ses fonctions, en découvrant quand il existe, le génie du lieu, on emprunte les habits qui révèlent son passé.

Interrogeons-nous sur les outils du prochain défi : transformer plus vite et moins cher.

Renverser les protocoles actuels, conserver l’aspect brut de l’existant, le réparer sobrement, substituer aux manteaux thermiques des réhabilitations, des volumes intérieurs, isolés, autoperformants, composants, réalisés hors site, livrés zéro défaut.

La réparation par composants, une alternative aux réhabilitations lourdes ? »

Patrick Rubin